Schott Music

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21/09/2015

Œuvre de la semaine – Pēteris Vasks : 4e Quatuor à cordes

Le 25 septembre a lieu, au Théâtre Royal de Copenhague, la première d’un ballet composé sur le 4e Quatuor à cordes de Pēteris Vasks. La pièce fait partie d’une soirée chorégraphique en trois parties intitulée Short Time Together (Peu de temps ensemble). La chorégraphie de Natalia Horecna fait appel au langage de la danse contemporaine pour mener une réflexion sur la vitesse de la vie moderne.

Composé en 1999 et créé le 21 mai 2000 au Théâtre de la Ville à Paris par le Quatuor Kronos, ce 4e Quatuor à cordes est composé de cinq mouvements qui constituent un large arc de tension dramaturgique : Elegy, Toccata I, Choral, Toccata II et Meditation. Le premier mouvement, dont la lente élaboration se déroule en des figures de trilles, est qualifié par Vasks de « contact avec le passé », ce qui offre de séduisantes possibilités de rattachement au thème générique de la soirée. À ce mouvement au contexte intime succède le climat harmonique grinçant de la Toccata I, en rythmes pointés, qui reflète, signale Vasks, l’agressivité du XXe siècle. Au centre se trouve le Choral, au caractère chantant et se dérobant dans une imprécision permanente. Des traits de symétrie s’établissent entre le caractère repris de la Toccata I dans le quatrième mouvement, et le retour de l’atmosphère sombre du début dans la Meditation.

La transposition chorégraphique de l’œuvre instrumentale éveille immédiatement l’intérêt sur plusieurs plans : au cours de cette soirée, Horecna envoie le public dans un voyage rempli de contradictions. Elle laisse les frontières du temps derrière soi et place l’existence humaine au centre de l’action. Dans sa chorégraphie, elle se réfère directement à la dimension de contenu de la pièce :

Dans ce ballet, je retourne mon regard vers le passé, vers ce qu’il nous transmet, et je considère la mort comme un nouveau commencement dont proviennent des souvenirs vivants qui se transforment en quelque chose de nouveau, de meilleur.

L’opportunité de participer à cette soirée chorégraphique sera offerte tout au long des douze autres représentations de l’œuvre qui seront données au Théâtre Royal d’ici la mi-novembre. Les fans de la musique de Pēteris Vasks pourront également profiter du concert donné à Kiel par l’orchestre symphonique de la radio NDR le 1er octobre, au programme duquel sera interprété le concerto pour violon et orchestre Vox amoris. D’autres exécutions sont également prévues à Hambourg et Wismar.

photo: Det Kongelige Teater

14/09/2015

Œuvre de la semaine : Richard Wagner – Tannhäuser

C’est le 19 septembre à l’Opéra de Gand que l’opéra Tannhäuser et le tournoi des chanteurs à la Wartburg de Richard Wagner fête, dans sa version parisienne, la première représentation d’une nouvelle production mise en scène par le Catalan Calixto Bieito et dirigée musicalement par Dmitri Jurowski. Le rôle-titre est tenu par le Heldentenor (ténor héroïque) Burkhard Fritz, entouré d’Annette Dasch (Elisabeth), Ante Jerkunica (Hermann), Ausrine Stundyte (Venus), et Daniel Schmutzhard (Wolfram von Eschenbach). Dans sa mise en scène, Calixto Bieito entend mettre l’accent sur la contradiction entre pulsions naturelles et conventions sociales, et poser la question de la place de l’artiste dans la société.

Tannhäuser existe sous trois formes différentes : dans la version de Dresde originelle de la création de l’œuvre, en 1845, revue et augmentée par Wagner en 1860, qui constitue sa version scénique « courante » ; puis, en 1861, l’œuvre, fortement augmentée essentiellement dans le premier acte, fit l’objet d’une nouvelle présentation au public au Théâtre impérial de l’Opéra de Paris, en français, et avec des changements dans l’instrumentation ; enfin, c’est en 1867 qu’une « représentation de référence » eut lieu à la Hofoper (Opéra de la Cour) de Munich, dans laquelle étaient reprises presque toutes les innovations apportées dans la version parisienne. C’est dans cette version qu’une nouvelle production fut également mise en chantier à la Hofoper de Vienne en 1875, en présence de Wagner. Mais à cette occasion, Wagner apporta encore des transformations dans l’enchaînement de l’ouverture à la scène du Venusberg. Tannhäuser est le seul opéra pour lequel Wagner réalisa lui-même une édition piano-chant. Bien que toutes ces versions soient jouables, Wagner est toujours resté convaincu que son travail sur Tannhäuser n’était pas terminé. Il écrivit ainsi à sa femme Cosima en janvier 1883, peu de semaines avant sa mort :

« Je suis toujours redevable au monde d’un Tannhäuser ».

Dans le cadre de l’édition complète Richard Wagner (Richard Wagner – Gesamtausgabe), les responsables de l’édition Egon Voss, Peter Jost et Reinhard Strohm ont consacré pendant plus de trente ans leur travail musicologique à l’histoire de la genèse de l’œuvre. C’est sur cette base que sont parues chez Schott Music la partition générale (conducteur), les parties d’orchestre séparées et la transcription piano-chant, permettant de comparer ensemble tous les stades de la formation de Tannhäuser, et offrant une claire structuration des versions de Dresde, Paris et Vienne.

La première représentation du 19 septembre est suivie de trois autres dates d’ici le 27 septembre. Puis, la production est visible à l’Opéra d’Anvers du 4 au 17 octobre 2015. Les amis de Wagner y trouveront tous leur compte ces jours-là. Le 16 septembre, c’est La Walkyrie que l’on peut entendre au Teatro Campoamer d’Oviedo en Espagne. Par ailleurs, dans ces mêmes moments, le cadre de la Triennale de la Ruhr présente L’Or du Rhin (Rheingold) le 18 septembre à la Jahrhunderthalle (Salle du Siècle) de Bochum. D’ici le 22 septembre 2015, c’est à Minden que l’on peut également assister à L’Or du Rhin, avec l’orchestre de la Nordwestdeutsche Philharmonie.

foto: Pierpaolo Ferrari

07/09/2015

Œuvre de la semaine: Fazıl Say – Symphonic Dances

Pour l’ouverture de sa saison, l’orchestre suisse Musikcollegium Winterthur a réussi à se procurer une nouvelle œuvre du compositeur Fazíl Say.  C’est en effet sa plus récente création orchestrale, Symphonic Dances, qui figure au programme du concert donné le 9 septembre 2015 au Stadthaus Winterthur sous la direction de Douglas Boyd.

Say est un défenseur convaincu de la relation entre les traditions musicales de l’Europe de l’Ouest et celles, orientales, de la Turquie. C’est ainsi que les Symphonic Dances présentent, elles aussi, de fortes influences provenant de la musique turque. Dans le premier mouvement, Say fait appel à une alternance rythmique de mesures à 8/8 et à 7/8, et confie aux bois une mélodie très présente. Ce caractère est en outre renforcé, dans la deuxième danse, par les glissandi des cordes. Après un troisième mouvement de tempo lent comportant des éléments percussifs, l’œuvre se conclut dans un finale festif à la sauvagerie étourdissante. S’inscrivant dans les chemins tracés par Liszt, Rachmaninov et Bartók, Say a déjà fréquemment fait appel à l’influence des styles de danse de son pays natal dans ses œuvres de musique pour piano ou de musique de chambre ; mais les Symphonic Dances constituent sa première œuvre purement orchestrale s’inspirant expressément de danses. À propos de la relation entre musique populaire et musique savante, il déclare :

Je me trouve en conformité avec mes aspirations et mes convictions, lorsque, grâce à la musique,  je réunis des gens sans frontières entre eux, même mentales. La musique dispose d’un très grand pouvoir. La musique n’a besoin d’aucune traduction. Tout le monde la comprend, les Chinois tout aussi bien que les Turcs et les Allemands. La grandeur d’un musicien, c’est de toujours pouvoir s’adresser aux gens. Dans le drame comme dans le bonheur. Dès que nous parlons de l’humanité, la musique joue un rôle prépondérant. – Fazíl Say

La création mondiale est suivie d’une seconde exécution au Stadthaus Winterthur, le 10 septembre 2015. Le 25 septembre s’y rajoute également la première audition aux États-Unis du double concerto pour piano Gezi-Park, à Toledo (Ohio). Ce même jour a lieu à Mannheim un concert monographique consacré à Fazíl Say, avec au programme sa Istanbul–Sinfonie, le Klavierkonzert Water, et Gezi Park 3 pour mezzo-soprano, piano et cordes.

 

31/08/2015

Œuvre de la semaine – Carl Orff : Carmina Burana

Le 6 septembre 2015 sera exécutée dans le cadre de la programmation annuelle des Proms de la BBC, au Royal Albert Hall de Londres, l’œuvre magistrale de Carl Orff Carmina Burana. L’Orchestre symphonique de la BBC est placé sous la direction de Keith Lockhart. Les parties solistes permettront d’entendre la soprano Olena Tokar, le ténor Thomas Walker, et le baryton Benjamin Appl.

Dans une musique captivante et passionnée, les Carmina Burana traitent de la vie et de la mort, des succès et des vicissitudes, du bonheur et du malheur ainsi que du devenir et de la disparition, qui sont le lot de la roue de la vie dont le mouvement ne s’arrête jamais. Un grand chœur introductif est consacré à chanter la déesse de la destinée, Fortuna, dont l’humeur est capricieuse. Toujours présent, le chœur constitue le cadre général dans lequel l’œuvre se déroule comme suit. Composée à partir de 200 poèmes et chansons du Moyen Âge, la pièce s’articule en trois parties principales. Au début des chansons, se situe le chant de louanges au printemps et à la nature. La deuxième partie aborde le sujet des plaisirs terrestres considérés du point de vue d’un abbé, sous forme de chansons solistes grotesques. La dernière partie est consacrée à l’amour sous les nombreuses formes différentes où il apparaît. Conformément au propos général de l’œuvre, la pièce ne comporte pas de personnages ou d’acteurs traversant toute la pièce, mais bien des prototypes, comme ceux de l’aventurier, des jeunes filles et de leurs compagnons, des joueurs, ou encore du couple d’amoureux. Les facettes des caractères humains et leurs divers modes de relation sont représentés avec un réalisme allant du rêve à la parodie.

Voici comment Orff décrit la musique composée pour les Carmina Burana, qui fera référence :
Une importante spécificité du style de la musique des Carmina Burana est celle d’une architectonique statique. Sa construction strophique en empêche tout développement. Une fois trouvée, sa formulation musicale – y compris dans son instrumentation, dès le début du travail –, se répète sans changement sous la même forme. C’est sur le laconisme de l’énonciation que repose sa répétivité et son efficacité.

L’œuvre provoque un intérêt constant, ce qui se reflète dans les nombreuses productions internationales dont elle bénéficie. C’est ainsi qu’elle sera présentée le 26 septembre 2015 au Palau de la Música de Barcelone. Par ailleurs, sa version scénique, mise en forme avec succès par le Théâtre de marionnettes de Munich, sera jouée dans cette ville le 5 septembre et le 24 octobre 2015. En outre, le Volksoper de Vienne reprendra le 22 octobre 2015 la production chorégraphique que le ballet de cette maison lui a consacré.

foto: Carmina Burana at the Mecklenburgisches Staatstheater Schwerin

24/08/2015

Œuvre de la semaine – Heinz Holliger : Dämmerlicht (Hakumei)

Le 27 août, le Tokyo Symphony Orchestra interprète en création mondiale, au Suntory Hall de Tokyo, le nouveau cycle de Lieder de Heinz Holliger Dämmerlicht (Hakumei) [Crépuscule]. L’œuvre se fonde sur des haïkus composés par Holliger lui-même, chantés par la soprano Sarah Maria Sun, le compositeur étant en personne au pupitre de cette création.

Au sein de ses cinq haïkus, Holliger fait appel à une forme poétique japonaise traditionnelle caractérisée au moyen de l’opposition des bruits et du silence. Mais c’est également un désir de paix et de méditation qui se reflète dans les haïkus de Holliger, avec des motifs comme celui du coucher de soleil ou du « petit nuage isolé ». L’ambiance de tombée du jour est produite musicalement au moyen de mélodies déroulées chromatiquement à la partie vocale, ainsi que par des sonorités détimbrées dans lesquelles les sifflets frémissants des bois se joignent aux glissandi montants et descendants des cordes. Il se forme ainsi une image sonore complexe. Le caractère flottant dû à l’imprécision des contours au moment du passage du jour à la nuit est de nouveau souligné par de continuels changements de mesure ainsi que des tenues contribuant à brouiller le moment de la terminaison du son.

Dans Dämmerlicht, Holliger parvient, grâce à l’emploi de ses haïkus en relation avec la mise en contraste musical du silence et des bruits, à engendrer une ambiance de transition fluide.

Petit nuage isolé
Dans le ciel rougeoyant du crépuscule
Les âmes rentrent chez elles

– Haïku no 5

Au programme de ce même concert figure en outre la première audition au Japon de Recicanto de Holliger, pour alto et petit orchestre. La création de Dämmerlicht (Hakumei) forme la conclusion d’un portrait  présenté au Suntory Hall de Tokyo, dans lequel des œuvres de Holliger telles que Trema, le Trio pour hautbois, alto et harpe, le Quintett pour piano, hautbois, clarinette, basson et cor, ainsi que Inchreschantüm ont pu être entendues.

17/08/2015

Œuvre de la semaine : Bernd Alois Zimmermann – Requiem für einen jungen Dichter

La création au Japon du monumental Requiem für einen jungen Dichter (Requiem pour un jeune poète) de Bernd Alois Zimmermann aura lieu dans les jours qui viennent, l’Orchestre symphonique métropolitain de Tokyo étant placé, le 23 août 2015, sous la direction de Kazushi Ono, au Suntory Hall de Tokyo.

La composition du Requiem für einen jungen Dichter fut achevée en 1969, et représente, après l’opéra Les Soldats, la deuxième œuvre la plus importante de Zimmermann. En sous-titre, le compositeur a choisi de placer le terme de « Lingual » car c’est de « langue » qu’il s’agit. Des formes d’écriture tels que le « Hörspiel » (pièce radiophonique), le scénario ou le reportage, y rencontrent celles de la cantate, de la messe et de l’oratorio. On y passe fréquemment du langage parlé à la mise en musique de la langue, jusqu’à la phrase chantée. Le Requiem für einen jungen Dichter réunit un effectif de trois chœurs, un orchestre de jazz et un orchestre symphonique, ainsi que des récitants et des solistes vocaux, qui créent des plans sonores diversifiés. Des bandes magnétiques comportant divers enregistrements, parmi lesquels des bruits de chars d’assaut, des chasseurs à réaction, des extraits de l’Ulysse de James Joyce, des allocutions du pape Jean XXIII, de Josef Goebbels et bien d’autres, élargissent encore une vaste palette sonore.

Dans le Requiem, il ne s’agit pas d’un poète en particulier (bien que trois poètes, Maïakovski, Essénine et Bayer soient plus particulièrement présents dans l’œuvre), mais pour ainsi dire du jeune poète tout court, tel que nous avons pu nous le représenter au cours de ces cinquante dernières années dans ses multiples relations à ce qui détermine sa situation spirituelle, culturelle, historique et linguistique – c’est à dire, par là-même, notre propre situation d’Européens de 1920 à 1970. Bernd Alois Zimmermann

Zimmermann aurait eu 100 ans en mars 2018. Dans l’attente de ce jubilé, l’œuvre du compositeur est honorée dès maintenant dans un grand nombre de circonstances.

10/08/2015

Œuvre de la semaine – György Ligeti: Concerto pour piano et orchestre

Le 16 août 2015, dans le cadre du festival Mostly Mozart, le pianiste Pierre-Laurent Aimard est le soliste du Concerto pour piano et orchestre de György Ligeti, accompagné par l’International Contemporary Ensemble placé sous la direction de George Benjamin, au Avery Fisher Hall de New York.

Le Concerto pour piano et orchestre a été composé par György Ligeti en deux temps : après la création des trois premiers mouvements en 1986, à Graz, il rajouta à ce concerto deux mouvements supplémentaires, dans lesquels il aborda un travail de mixtures d’harmoniques ainsi que de polyrythmie. Le premier et le cinquième mouvements se composent d’éléments minimalistes et explorent les registres extrêmes du piano, qui, dans ce concerto, dialogue en soliste avec un orchestre de chambre. C’est à cette époque que Ligeti composa ses célèbres Études pour piano. En faisant appel à des superpositions raffinées de rythmes africains, à des déplacements d’accents, et à des variations de vitesse, il donne naissance à une nouvelle dimension  de l’écoute. Ligeti tire son inspiration de modèles de fractales, qui se retrouvent dans les motifs kaléidoscopiques de l’orchestre et du piano.

Le pianiste Pierre-Laurent Aimard a travaillé de nombreuses années en étroite liaison avec Ligeti. Voici comment il en évoque le souvenir :

La première fois que j’ai travaillé avec Ligeti, au début des années 1980, c’était en tant que pianiste de l’Ensemble Intercontemporain. Notre collaboration s’intensifia, je jouais régulièrement sa musique, j’intervenais dans des concerts-portraits et participais à la création de ses commandes. C’était une expérience fascinante. Même quand Ligeti avait une vision ou une idée précise de sa pièce, il cherchait toujours les chemins par lesquels cette représentation pourrait se transposer dans la réalité. Il cherchait le bon tempo, le bon timbre, la bonne articulation, et le caractère convenable. Car il était doté d’une vaste imagination.

Le festival de piano de la Ruhr propose, en collaboration avec Pierre-Laurent Aimard, dans le cadre du projet en ligne « explorethescore.org », un aperçu passionnant des œuvres pour piano de Ligeti. Les partitions multimedia du site web comprennent, outre des exemples audio, également des enregistrements vidéos de chaque œuvre. De plus, Aimard présente les œuvres et offre des indications d’interprétation, ainsi qu’un aperçu de ses master-classes.

03/08/2015

Œuvre de la semaine : la musique de film de Joe Hisaishi

Notre centre d’intérêt, cette semaine, ne porte pas sur une œuvre en particulier, mais sur l’ensemble des musiques de films écrites par le compositeur contemporain le plus populaire du Japon – Joe Hisaishi. Le 6 août 2015 a lieu, dans la salle de concert du complexe Esplanade de Singapour, uns soirée intitulée « Mon voisin Totoro : les plus belles musiques de Joe Hisaishi », au cours de laquelle l’Orchestre symphonique de Singapour ainsi que quatre solistes présenteront quelques uns des plus grands succès de Hisaishi.

Hisaishi a composé jusqu’ici plus de cent musiques pour le cinéma, la télévision ou la publicité. C’est en étroite collaboration avec le réalisateur Hayao Miyazaki qu’ont vu le jour, dans le studio de dessins animés de Ghibli, quelques uns des films d’animation les plus populaires, parmi lesquels « Le Château ambulant », ou « Le Voyage de Chihiro », qui reçut l’Oscar du meilleur film d’animation. Hisaishi recherche dans ses musiques de film des sonorités éthérées, et c’est avec de doux accents mélancoliques de piano et la force du grand tutti orchestral qu’il ravit ses auditeurs au pays des contes.

À propos des films d’animation de Miyazaki, Hisaishi déclare :
Beaucoup de scènes, dans ses films, comportent des situations en rapport avec le fait de voler, et la capacité de voler a toujours fait partie des rêves de l’humanité. C’est ainsi que j’ai toujours tenté, grâce à ce sentiment d’espérance, de saisir le caractère d’une scène. Une musique plus lente permet au spectateur de mieux percevoir ce qui se trouve dans l’espace situé entre les mouvements des personnages. Le début a toujours lieu de manière identique : il est confié à un piano. J’ai recours à des procédés techniques, mais je ne me repose pas exclusivement sur eux. Je suis d’avis que cela doit constituer une partie du processus, mais non pas tout le processus en soi.

 

27/07/2015

Œuvre de la semaine – Joaquín Rodrigo : Concierto de Aranjuez

Le Concierto de Aranjuez pour guitare et orchestre de Joaquín Rodrigo est sans conteste le plus célèbre des concertos pour guitare. Il fête cette année le 75e anniversaire de sa création. Il ne se passe pour ainsi dire pas une journée dans le monde sans avoir l’occasion de l’entendre dans une salle de concert. Rodrigo réalise dans cette œuvre un équilibre parfait entre la guitare soliste et l’orchestre. C’est la seule œuvre soliste pour guitare du répertoire classique dans laquelle les problèmes acoustiques spécifiques à la guitare se trouvent totalement résolus.

Le Concierto de Aranjuez fut conçu en 1939 à Paris, peu de temps avant que Rodrigo ne rentre à Madrid dans sa patrie, après la fin de la guerre civile d’Espagne. C’est en 1940 que l’œuvre fut finalement créée à Barcelone. Le palais royal d’Aranjuez, résidence estivale de la branche espagnole de la dynastie des Bourbons au XVIIIe siècle, fait aujourd’hui partie, avec ses fameux jardins, du patrimoine mondial de l’UNESCO. Le but de Rodrigo était de « composer une œuvre en mémoire des temps passés, des magnifiques jardins d’Aranjuez, de leurs arbres et des oiseaux qui les habitent ».

Le premier mouvement est inspiré d’un rythme de boléro. Le thème principal est réparti entre différents groupes d’instruments, tandis que des effets de pizzicato et d’arpeggiando contribuent à procurer une atmosphère sonore colorée à l’espagnole. Le célèbre thème du deuxième mouvement repose sur un vieux thème de Saeta, un chant faisant partie des processions de la semaine sainte en Andalousie. La Saeta recèle des influences arabes, juives et espagnoles, et Rodrigo, dans son mouvement lent, fait appel à sa formulation mélodique ornementée. Le Finale relève de nouveau d’une atmosphère de joie et de danse, accompagnée d’effets de virtuosité.

Lorsqu’en 1939 je travaillais au Concierto dans mon petit studio en plein Quartier latin, j’entendais une voix intérieure qui me chantait l’intégralité du thème de l’adagio. Et qui ensuite enchaînait avec le thème du troisième mouvement. C’était bien la pièce ! Notre intuition ne saurait nous tromper en ces matières. Puis, le premier mouvement dut faire l’objet, après l’inspiration surnaturelle de l’adagio et de l’allegro, de réflexion, de structuration et de prise de décisions, Paris, 1939.– Joaquin Rodrigo

On peut en ce moment entendre le Concierto d’Aranjuez dans de nombreux concerts : le 26 juillet, il est au programme du Colorado Music Festival, à l’auditorium Chautauqua de NY, tandis que les publics allemand et italien se réjouiront à l’occasion des concerts donnés dans la cour du Palais de Justice de Hersbruck le 27 juillet et au Teatro di Verdura de Palerme le 29 juillet. Dans les mois qui viennent, l’œuvre sera présentée à Bergen en Norvège, à Manchester, et à Barcelone.

Le numéro d’été de notre magazine « schott aktuell » est également dédié au jubilé de la création de ce concerto. Vous y trouverez d’autre informations détaillées sur le compositeur et son œuvre, ainsi qu’un calendrier mural de la saison 2015-2016 consacré au palais royal d’Aranjuez. Vous pouvez avoir accès à l’édition en ligne et commander le calendrier par e-mail au lien : infoservice@schott-music.com

20/07/2015

Œuvre de la semaine : Jacques Offenbach – Les contes d’Hoffmann

Le 23 juillet est présentée au Festival de Bregenz la première de l’opéra Les Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach, dans une réalisation du metteur en scène d’opéra norvégien Stefan Herheim, et sous la direction musicale de Johannes Debus. Le rôle-titre de cet opéra en cinq actes sera tenu par Daniel Johansson, avec, à ses côtés, Kerstin Avemo en Olympia, Bengt-Ola Morgny en Spalanzani et Rachel Frenkel dans le double rôle de La Muse et de Niklausse. Le compositeur étant décédé avant le complet achèvement de l’opéra, les éditions Schott ont permis, grâce au travail des chercheurs spécialisés dans Offenbach que sont aujourd’hui Michael Kaye et Jean-Christophe Keck, de réaliser ici une version des plus complètes, enrichie par toutes les sources autographes actuellement connues concernant Les Contes d’Hoffmann. C’est sur cette édition que se fonde la production de Bregenz.

Dans une taverne, au milieu des chansons à boire, le poète Hoffmann attend sa bien-aimée, la diva d’opéra Stella, et raconte, du fond de son ivresse, ses aventures amoureuses, qui ont toutes été vouées à l’échec. Tombé dans le piège de la poupée mécanique Olympia, qu’il avait prise pour une femme réelle jusqu’à sa destruction au cours d’une danse furieuse, il tombe ensuite amoureux de la chanteuse Antonia, condamnée au mutisme sous peine d’en mourir, et qui, chantant un trio avec Crespel et Hoffmann, perd effectivement la vie. Il se précipite ensuite dans le plaisir des sens auprès de la courtisane Giuletta, qui lui vole son reflet dans le miroir et pour qui sa passion le mène jusqu’au meurtre. À la fin de ces récits, Hoffmann est bien obligé d’admettre que sa relation avec Stella, elle aussi, est un échec, et se réfugie dans son art. Il suit La Muse, seule véritable amie du poète.

Je suis avant tout coupable d’une faute insurmontable : celle de travailler toujours. J’en suis désolé pour  ceux qui n’aiment pas ma musique, car je mourrai certainement avec encore une mélodie dans la plume – Jacques Offenbach

Cette représentation sera retransmise à la télévision le 26 juillet sur ORF 3. La première du 23 juillet est suivie de quatre autres représentations jusqu’au 6 août 2015. L’opéra comique de Berlin (Komische Oper Berlin) présentera à partir du 2 octobre 2015 une nouvelle production de l’œuvre dans une réalisation du metteur en scène de théâtre et d’opéra australien Barrie Kosky.

Foto: bregenzerfestspiele.com