Schott Music

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06/05/2015

Décès de Maïa Plissetskaïa : Schott Music en deuil

La « primaballerina assoluta », épouse du compositeur Rodion Chtchedrine (que nous éditons), est décédée à Munich le 2 mai à l’âge de 89 ans. Elle était l’une des plus importantes danseuses de notre temps, et faisait partie des amis des éditions Schott depuis de nombreuses années. En l’an 2000, elle avait donné naissance à Mayence, avec son époux, à la « Fondation internationale Maïa Plissetskaïa et Rodion Chtchedrine ». Dans le cadre de cette fondation, elle mit notamment en place le Prix « Maïa Plissetskaïa Award », récompensant de jeunes talents dans les domaines de la danse, de la composition et de l’interprétation, attribué cette année au chorégraphe Gil Roman. C’est chez Schott Music que parut en 2009, sous le titre allemand « Haltung bewahren » (« Rester en position »), la seconde partie de ses mémoires dans laquelle elle jette un regard rétrospectif très personnel sur une carrière incomparable et sur le trajet de sa vie.

Maïa Plissetskaïa personnifie mieux que toute autre danseuse la grande tradition du ballet classique, alliant dans son art la perfection technique à une gestique subtile et à une expressivité dramatique unique en son genre. Elle commença sa carrière en 1943 au théâtre Bolchoï, où elle fut rapidement promue prima ballerina assoluta, et où on put l’admirer jusqu’en 1989 dans tous les grands rôles, parmi lesquels plusieurs milliers de fois dans le solo de « La Mort du cygne » de Camille Saint-Saëns.

« C’est le temps qui redonne aux choses leur propre place. Il suffit d’attendre le temps qu’il faut, » avait dit un jour Maïa Plissetskaïa. Sa vie fut étroitement liée au destin politique de sa patrie la Russie. Née le 20 novembre 1925 dans une famille comptant de nombreux artistes, son père fut assassiné par le régime de Staline en 1938, et sa mère déportée au Kazakhstan. Discréditée en tant que « fille d’ennemis du peuple », ce n’est que plusieurs années après la mort de Staline qu’elle eut le droit de partir en tournée aux États-Unis avec le Bolchoï. Son accession rapide à une carrière internationale lui permit d’occuper une position artistique indépendante, et d’inviter au théâtre Bolchoï des chorégraphes de l’Ouest tels que Maurice Béjart. Béjart composa pour elle encore longtemps après ses adieux de la scène des chorégraphies dont la dernière, « Ave Maïa », fut dansée par elle alors qu’elle était âgée de 70 ans. Elle créa des chorégraphies sur des musiques de son époux Rodion Chtchedrine, dont elle interpréta elle-même les premiers rôles, comme par exemple pour « Anna Karénine » et « La Mouette ».

« Ah, comme elle dansait alors ! C’était un miracle. Une boule d’énergie, la sûreté personnifiée. Quand elle dansait, elle faisait régner la magie dans la salle », disait Chtchedrine, décrivant ses sensations au sortir de ses représentations. Bien que les officiels du régime soviétique l’eussent mis en garde contre une relation avec la danseuse, ces deux artistes d’exception formèrent un couple qui travailla et vécut ensemble durant près de cinquante ans. À la fin, ils vivaient alternativement à Munich et à Moscou. Le 15 mai, a lieu à Lucerne un concert commémoratif « In Memoriam Maïa Plissetskaïa », dans le cadre duquel sera également attribué le « Maïa Plissetskaïa Award » de cette année ; l’Orchestre symphonique de Lucerne sera placé sous la direction de son chef James Gaffigan.

Ceux qui connurent Maïa Plissetskaïa n’ont pu qu’admirer son inflexible force d’âme, sa grâce et sa gentillesse. Nous, la direction et les collaborateurs de Schott Music, exprimons toute notre considération, notre reconnaissance et notre amitié pour elle.