Schott Music

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22/06/2015

Œuvre de la semaine – Hans Werner Henze : Il re Teodoro in Venezia

La composition et l’interprétation ne constituent pas forcément deux choses distinctes. Lorsqu’un compositeur se livre à une activité d’arrangeur de l’œuvre d’un autre, il en devient l’interprète. C’est ainsi que Hans Werner Henze a composé entre 1990 et 1991 sa nouvelle version de l’opéra de Paisiello Il re Teodoro in Venezia. Par ce travail d’arrangement, le compositeur rend un profond hommage à l’égard de son modèle, tout en projetant sur l’œuvre une perspective personnelle. Le 24 juin 2015, cet opéra célébrera, dans une mise en scène de Lenka Horinkovás, sa création en Slovaquie au Théâtre national de Bratislava.

Ce « drame héroï-comique » datant de l’année 1784 raconte l’histoire du baron westphalien et aventurier Theodor Neuhoff. Après quelques mois de règne en tant que roi de Corse, l’argent vient à lui manquer et il est contraint de s’enfuir à Venise sous les yeux de ses partisans. Il trouve asile chez l’aubergiste Taddeo, et tombe amoureux de la fille de ce dernier, Lisetta. Commence alors tout un jeu réjouissant de quiproquos et d’intrigues par lequel Teodoro cherche à dissimuler le plus longtemps possible qu’il a été détrôné et qu’il se trouve totalement dénué de moyens. Ayant fini par échouer dans la prison pour dettes de Londres, l’imposteur démasqué déclare : « Ce monde est comme une roue : qui était en bas remonte toujours en haut un jour ou l’autre ».

De son propre aveu, Henze souhaitait permettre au public une relecture et une redécouverte de l’œuvre. Ses nombreuses transformations réalisées « en tout amour et respect » s’expriment dans la nouveauté de l’instrumentation, dans l’affûtage des harmonies, dans l’ajout de citations de bel canto ou dans des innovations rythmiques. Le noyau de l’instrumentation est formé de douze cuivres et d’un sextuor à cordes, auxquels s’ajoutent mandoline, guitare, percussions et piano.

Les formes anciennes me semblent se présenter comme des idéaux de beauté classique désormais inaccessibles, mais toujours perceptibles dans leur éloignement. La route pour s’y rendre passe par le plus difficile et le plus impossible. Pour moi, c’est comme une sorte de folie qui, seule, permet à la vie d’être vécue. – Hans Werner Henze

La première du 24 juin 2015 est suivie d’autres représentations le 28 juin, le 24 septembre, le 8 octobre et le 12 novembre.

photo: Slovak National Theatre