Schott Music

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06/07/2015

Œuvre de la semaine – Richard Strauss : Arabella

Le festival d’opéra de Munich, qui, par tradition, représente le couronnement final de la saison, bat son plein en ce moment. C’est dans ce cadre qu’est présentée, le 6 juillet 2015, la première d’Arabella de Richard Strauss, un opéra assez rarement donné. Dans une distribution de très haut niveau, elle fait l’objet d’une nouvelle production signée par le metteur en scène de théâtre et de cinéma Andreas Dresen. Le directeur musical de l’Opéra de Paris Philippe Jordan est au pupitre du Théâtre national de Bavière. Le rôle-titre est tenu par Anja Harteros, soprano mondialement fêtée et entourée ici par Kurt Rydl (Comte Waldner), Doris Soffel (Adelaïde), Hanna-Elisabeth Müller (Zdenka), Joseph Kaiser (Matteo) et Thomas J. Mayer (Mandryka).

Arabella est la dernière œuvre que Strauss conçut en collaboration avec son librettiste Hugo von Hofmannstahl. C’est près de 25 ans auparavant que leur travail en commun avait débuté, avec l’Opéra Elektra. Avec Arabella, les deux artistes souhaitaient renouer avec leur plus grand succès – le Chevalier à la rose –, mais toutefois, comme le disait Strauss, « sans ses erreurs ni ses longueurs ». Cependant, Hofmannstahl vint à mourir avant que l’opéra ne fût achevé, et Strauss composa en se tenant étroitement au texte. Par respect, il n’apporta aucune modification au livret. Tout comme dans le Chevalier à la rose, la présence des cercles aristocratiques viennois, les valses, ainsi qu’une atmosphère générale de mélancolie confèrent à l’action une certaine proximité avec l’opérette. Au centre se tient Arabella, la froide beauté. Selon les plans élaborés par ses parents, elle doit faire un riche mariage. Après de nombreuses complications amoureuses, un heureux dénouement voit Arabella se marier avec le riche propriétaire Mandryka, tandis que sa sœur Zdenka épouse Matteo.

Il faut s’efforcer à donner aux valses une sonorité moins brillante, moins classique, moins pétillante, mais en revanche à ce qu’elles aient plus de nostalgie. Elle doivent étinceler dans toute leur ambivalence de décadence et de patine, d’autant plus que la valse – à la différence du Chevalier à la rose – est ici historiquement à sa juste place. – Philippe Jordan

Arabella ne devint pas un second Chevalier à la rose. Elle possède ses incomparables qualités et ses multiples facettes, et l’intérêt pour cet opéra n’a cessé de croître au cours de ces dernières années. Le mouvement du monde tournant au son de la valse jusqu’à en perdre pied et la difficulté faite aux sentiments sincères et aux fortes convictions dans ce monde de la belle apparence, sont visibles à l’Opéra national de Bavière jusqu’au 17 juillet 2015, puis lors de trois autres représentations entre le 13 et le 19 janvier 2016. Au cours du festival 2015 l’Opéra national de Bavière présente également Elektra et Die schweigsame Frau (La femme silencieuse), deux autres opéras de Strauss.

(foto: Matthias Creutziger – Semperoper Dresden)