Schott Music

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16/05/2016

Œuvre de la semaine – Toshio Hosokawa: Hanjo

L’opéra Hanjo de Toshio Hosokawa est la deuxième œuvre musicale dramatique du compositeur. Elle est le résultat d’une commande passée par le Festival d’Aix-en-Provence en 2004. Depuis, l’œuvre a fait l’objet de différentes mises en scène représentées en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Italie et au Japon. Le 22 mai 2016 a lieu la première représentation en Suisse de cette pièce en un acte, au « Kubus » du Théâtre de Berne, dans une mise en scène de Florentine Klepper.

L’opéra raconte l’histoire d’amour entre Hanako, une geisha, et le jeune homme Yoshio. Contraints à se séparer, ils échangent leurs éventails en promesse de se revoir. Depuis, la jeune femme attend tous les jours en vain à la gare de pouvoir accueillir de nouveau son bien-aimé. L’attente et l’espoir prenant de plus en plus de place dans sa vie, elle s’éloigne constamment de la réalité du monde. Puis apparaît Jitsuko, une vieille femme pleine d’amertume, qui n’a jamais ressenti l’amour dans sa vie, qui séduit Hanako. Les deux femmes vivent ainsi ensemble, jusqu’au jour où paraît dans un journal un article consacré à la « folie » de Hanako, que lit Yoshio, décidant aussitôt de se mettre en quête des deux femmes. Il s’ensuit une lutte de pouvoir pour la possession de Hanako entre Yoshio et Jitsuko, à laquelle Hanako met fin d’une manière surprenante.

Hanjo, de Toshio Hosokawa : entre le rêve et la réalité

Hosokawa définit son opéra Hanjo comme une œuvre située entre le rêve et la réalité. Un regard dans le livret renforce cette impression: on y trouve peu d’indications concrètes spatiales ou temporelles, les portes ne mènent nulle part, les questions restent sans réponse. C’est consciemment que Hosokawa fait appel à ces ressorts dramatiques. Il conçoit son œuvre dans le prolongement du théâtre traditionnel japonais du Nô, où fréquemment se rencontrent des personnages issus de l’imagination comme de la réalité.

Hosokawa décrit sa motivation à faire de ce genre théâtral une forme musico-dramatique à part entière dans les termes suivants:

Je voulais illustrer musicalement un drame qui franchisse de manière permanente la frontière entre le rêve et la réalité, entre la folie et la raison. Il se peut qu’une manière de voir ne relevant que de l’univers onirique puisse être perçue plus intensément dans la musique que dans le théâtre parlé. Je voulais montrer le point de vue de quelqu’un qui oscille entre le rêve et la réalité : à l’arrière-plan, l’orchestre transforme lentement l’ambiance comme dans une peinture sur soie que l’on déroule. Le silence est tissé lentement mais sûrement dans le modèle de ce rouleau de soie, où il s’établit peu à peu comme un point blanc au centre de l’image. – Hosokawa.

L’opéra Hanjo fait l’objet de cinq autres représentations à Berne au cours des mois de mai et de juin. Mais il existe également d’autres possibilités de découvrir la musique de Hosokawa: le 14 juin, on pourra entendre Voyage VII  pour trompette solo et ensemble à cordes, ainsi que la création du concerto pour flûte à bec Sorrow River, dans le cadre d’un concert donné par Jeroen Berwaerts (trompette), Jeremias Schwarzer (flûte à bec) et l’Ensemble Resonanz, sous la direction du compositeur, à la Laeisz Halle de Hambourg.