Schott Music

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23/10/2017

Œuvre de la semaine – Bernd Alois Zimmermann : Sinfonie in einem Satz

Deux lieux, deux concerts, deux versions. La Saison 2017-2018, pour de nombreux orchestres, est dédiée au centième anniversaire de la naissance de Bernd Alois Zimmermann en mars 2018. C’est à cette occasion que l’on pourra, le 29 octobre 2017, entendre deux fois sa Sinfonie in einem Satz (Symphonie en un mouvement) en Allemagne : à Sarrebruck, jouée par l’Orchestre allemand de la Philharmonie de Sarrebruck- Kaiserslautern, sous la direction de Peter Hirsch, dans la première version, et à Cologne, confiée à l’Orchestre Gürzenich, avec Hartmut Haenchen au pupitre, dans la seconde version. C’est également Peter Hirsch qui, au bout d’un long moment, a ramené la première version dans les salles, si bien qu’aujourd’hui, l’une et l’autre versions figurent dans les programmes et les saisons.

De même que beaucoup d’autres compositeurs avant lui, Zimmermann lui aussi hésita à oser aborder un genre aussi puissant que celui de la symphonie. C’est après mûre réflexion qu’il écrivit, commandée par la radio allemande du nord-ouest, sise à Cologne, la première version de sa Symphonie en un mouvement. Comme ne l’indique pas le titre de l’œuvre, Zimmermann réunit cinq mouvements en une seule partie ininterrompue, qu’il parvient cependant à réduire jusqu’à une durée de 18 minutes. Zimmermann fait appel, dans cette première version, à un important effectif instrumental qu’il augmente encore à l’aide de bois, percussions, harpe, piano et orgue, ainsi que d’un septuor de cordes, en supplément.

La première version de la Symphonie fut créée en 1952 à Cologne par l’Orchestre Radio-symphonique de Cologne placé sous la direction de Hans Rosbaud. La pièce ne rencontra pas le goût de l’époque et n’obtint guère de succès, son emploi de l’orgue, en particulier, ne recueillant aucun retentissement. Zimmermann accepta la critique du public, tout autant que les remarques de Hans Rosbaud, et remania fondamentalemenrt son œuvre, notamment en y supprimant l’orgue et en simplifiant les mesures longues et complexes. Un an plus tard déjà, la seconde version de la pièce était prête à être entendue en Belgique, et c’est cette version qui s’est imposée dans les programmes de concert jusqu’à la renaissance récente de la version originelle.

Bernd Alois Zimmermann –  Symphonie en un mouvement : une nouvelle conception de la forme ?

L’innovation apportée par Zimmermann dans sa Symphonie ne se borne pas à réduire le nombre de mouvements, mais se trouve surtout dans sa manière de laisser l’œuvre se développer à partir d’un concept formel fondamental. Il se crée comme une sorte d’absorption musicale qui transporte le public dès les premières mesures. La Sinfonie in einem Satz est entièrement parcourue d’une tension inquiète remplie d’accents inattendus, qui trouve finalement une issue surprenante.

[Le] matériau thématique, comme on l’appelle, […] se développe tout d’abord dans la synergie de différentes forces en provenance de l’état amorphe d’une cellule germinative menant par de grandes phrases à la construction organique du tout, en oscillant par grandes arches entre la menace d’apocalypse et la plongée méditative, et en restant soumis à tous les stades de la puissante évolution dynamique du développement musical ». – Bernd Alois Zimmermann.

Le concert de la seconde version fera l’objet de reprises les 30 et 31 octobre, par l’Orchestre Gürzenich. En 2016 est paru un enregistrement, couronné d’un prix, de la première version sous la direction de Peter Hirsch au label WERGO. Cette première version de la Sinfonie in einem Satz sera également jouée le 2 mars 2018 au Staatstheater de Mayence, et le 5 mai 2018 à la Philharmonie de Cologne.